Chaud devant !

Bonjour mes amis !

Je vous avais raconté à quel point le Combinat métallurgique de Novolipetsk était gargantuesque, n’est-ce pas ? Donc il paraît sensé que mon compte rendu et les photos de ma visite ne rentrent pas dans un seul article. Comme vous l’aurez deviné, veuillez trouver ci-joint la deuxième partie !…

Commençons. 15 millions de tonnes d’acier, qu’est-ce que ça représente exactement ? Je veux dire, les Homo Sapiens ordinaires ont-ils eu le temps de se pencher sur la question ? Ok, voici ma tentative de quantification pour vous…

Vous voyez le bloc orange vif sur la photo suivante ? Ça s’appelle (qui l’eut cru ?) une plaque, et ça pèse entre 25 et 35 tonnes. Ainsi, 15 millions de tonnes d’acier équivaudraient à…

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…~500 000 de telles plaques. Un demi-million. Vous avez du mal à vous l’imaginer ? Je vais essayer autre chose :

Un cube de fer pèse 7,87 tonnes (l’acier pèse 7,85 ; autrement dit, à peu près la même chose. Pour les besoins de notre étude, la différence est sans importance). Donc, 15 millions de tonnes équivalent à environ 1,9 millions de mètres cubes. Et cela représenterait un gros morceau d’acier de 100 mètres de large, 100 mètres de profondeur et 200 mètres de hauteur. Ce serait comme un gratte-ciel de 50 étages fait d’acier solide. Ou un cube carré de 125x125x125 mètres. Vous vous faites une idée de la taille maintenant ?

Juste au cas où, abordons le sujet d’une autre façon :

1,9 millions de mètres cubes équivaudraient également à une longue barre carrée d’un mètre de large et d’un mètre de haut s’étirant sur… 1900 kilomètres (comme de Gibraltar à Paris, par la route, pas à vol d’oiseau !). 1900 kilomètres d’acier partent du Combinat métallurgique de Novolipetsk chaque année, ce qui équivaut à… Où est ma calculette ? A 216 mètres par heure !

Ou…

…Essayons dans des wagons de marchandises ferroviaires ! Si on estime qu’un wagon fait 15 mètres de long et contient 70 tonnes de marchandises, une année de production équivaut à… 214 000 wagons, c’est-à-dire, un train s’étendant sur 3200 kilomètres ! Du moins, selon mes calculs et je ne pense pas m’être trompé…

// Une digression extraordinaire : en parlant de tout ce métal lourd, ça m’a fait penser : quel est le métal le plus lourd ? Internet informe que l’osmium et l’iridium sont à égalité. Un mètre cube de ces derniers pèse trois fois plus que l’acier, c’est-à-dire, 22,6 tonnes ! Mais ces deux métaux sont extrêmement rares. En troisième position trône le platine, rare mais toutefois un peu moins que ses prédécesseurs, un mètre cube pèse 21,45 tonnes !

Et qu’en est-il du métal le plus léger connu de l’homme ? Il s’agit du lithium, qui est deux fois plus léger que l’eau ! Il flotte donc sur l’eau. Je suppose qu’il serait bon pour construire des bateaux :). Le métal le plus cher : le californium, cependant il n’est pas d’origine naturelle. Le métal naturel le plus cher est le rhodium.

Où en étais-je déjà ?…

Je ne suis pas tout à fait sûr, mais revenons à l’essentiel.

L’usine est de la taille de tout un quartier (voire deux), composée de son propre système de transport, d’infrastructures, et d’un réseau interminable de tuyaux à travers lesquels divers matériaux sont transportés d’atelier en atelier. Quand j’ai demandé si quelqu’un du complexe avait compris toute la topologie de l’usine, la réponse a été rapide : « non ! ». Chaque lien de la chaîne fait son travail, et laisse les autres faire le leur.

Voici le bus du complexe et à l’heure selon les horaires du bus. Il faut marcher plusieurs kilomètres d’une extrémité à l’autre du complexe.

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La première partie de notre excursion comportait le haut fourneau de Rossiyanka, le joyau de la couronne de ces lieux.

Ce joyau est reconnu comme étant très moderne, mis pour la première fois en service en 2011. Il s’agit également de l’unique haut fourneau construit en Russie après la période post-soviétique. En réalité, c’est aussi le seul haut fourneau d’une telle taille en Europe à avoir été construit après 1991.

Comme tout l’est ici, Rossiyanka est gigantesque, 108 mètres de haut. Il fonctionne non-stop, « s’alimente » non-stop, et émet également de la fonte non-stop.

A l’extérieur du haut fourneau, l’air est propre et sent moins, étant donné qu’ils prennent sérieusement l’écologie en compte (davantage d’informations dans un instant). Mais à l’intérieur, c’en est tout autrement : l’ « odeur » caractéristique du fer lourd et de l’industrie de l’acier ; tel un « bouquet » intense, comme si vous y étiez vous aussi.

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Depuis que le haut fourneau est devenu moderne, il n’y a aucune chance de voir la vraie production du fer en cours. Tous les processus de production dangereux sont encastrés dans des encastrements spéciaux et contrôlés à distance, loin du danger. Le seul processus que vous pouvez voir, mais tout de même à distance, est celui du fer versé dans de grandes cuvettes par les plateformes ferroviaires. Ensuite, le fer est conduit vers un autre atelier où il est transformé en acier. Les systèmes de contrôle industriel jouent clairement un grand rôle dans tout.

Et bien sûr, nous ne pourrions pas avoir l’immense processus industriel sans l’inévitable gros bouton rouge ? Le voici :

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A côté de Rossiyanka, se trouve le haut fourneau nº6, construit en 1978 :

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Le moment fort de notre excursion a été l’atelier laminé à chaud. Voici un flux constant de coulées d’acier refroidissant le long d’un circuit, qui est ensuite découpé en plaques, et qui à leur tour sont aplaties en plaques d’acier. Voici plein de photos de celles-ci !…

La température des plaques est d’environ 1000°С.

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La plaque chaude continue sa route d’une extrémité de l’atelier à une autre, le tout étant passé sous différents pressoirs, refroidi, affiné davantage… jusqu’à temps qu’elle devienne de la pâtisserie fine. Voici deux pressoirs :

Et voici deux rouleaux à pâtisserie :

Lorsque la plaque feuille de métal est très fine, elle se déplace beaucoup plus rapidement…

La raison pour laquelle la vitesse est augmentée lors du processus de l’acier est que le nombre de tonnes par mètre doit rester constant. Par conséquent, si une plaque est aplatie et est réduite de moitié en taille et en poids, ça ira deux fois plus vite. Les grandes plaques bougent très lentement, tandis que vers la fin les feuilles passent à 15 mètres par seconde (ce dont je me souviens de ce que nous a dit notre guide).

Voici une feuille passant d’un pressoir à un autre !

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Un autre pressoir, et elle est refroidie avec de l’eau.

L’atelier et les laminoirs sont énormes, respectivement de 1200 et 800 mètres de longueur :

Une plaque va d’une extrémité du laminoir de 800 mètres à une autre en seulement quatre minutes.

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Pendant ce temps, notre excursion continue. Nous écoutons minutieusement notre guide tout en essayant de mémoriser les faits et chiffres et en prenant gaiement des photos.

La fin du laminoir.

Ici, la « pâtisserie fine » est laminée :

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Le poids d’un rouleau se situe entre 25 et 36 tonnes, dépendant de la commande en particulier. La longueur d’un rouleau est de presque 2 kilomètres.

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Encore très rouge :

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Tout le processus est automatisé ; nous n’avons pas vu un seul membre du personnel de contrôle s’approcher des processus de production, il n’y avait que nous, les touristes :).

Donc là vous l’avez, un atelier d’envergure internationale produisant de l’acier laminé à chaud. Un fait inhabituellement intéressant à contempler et à apprendre. A présent, mes connaissances sur la production de métal laminé sont beaucoup plus élevées qu’avant. Je vous recommande à tous de les améliorer également, si vous passez un jour par Lipetsk :).

Prochaine étape…Vous n’en croirez pas vos yeux…

Le Lac des cygnes !

Saurez-vous deviner dans quel contexte exactement ? Ne cherchez pas sur Internet !…

A demain mes amis !…

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