Une allergie aux piolets

Bonjour tout le monde!

Il faudrait être un peu fou pour ne pas monter le mont Fuji, et l’être doublement, pour le gravir deux fois.

~Une perle de la sagesse traditionnelle nippone

Je suis d’accord, être au Japon et ne pas monter sur la plus belle montagne du pays, c’est un peu idiot. Mais le faire pour une deuxième fois, c’est aussi un peu fou.  Je me demande si une troisième ascension neutraliserait l’absurdité de mon comportement ? J’espère, parce que samedi dernier, j’ai gravi le Fuji pour la deuxième fois.

Mount Fuji JapanFuji, vu d’en bas.

Mount Fuji Japan…et d’en haut !

Dans certaines langues, la montagne s’appelle Fujiyama. En japonais, on la nomme Fuji-san. On l’écrit de la manière suivante : 富士山. Les deux premiers symboles signifient Fuji, alors que le troisième veut dire montagne ou san – l’interprétation sino-japonaise du caractère yama. Vous comprenez tout, non? Ne vous en faites pas, vous n’êtes pas seul. Mais attention, ce n’est pas le même san honorifique qu’on retrouve dans les noms japonais. Ah ! Les noms japonais.

C’est le volcan le plus parfaitement conique du monde. La vue d’en bas est à en couper le souffle, spécialement si les hauts sommets sont couverts de neige et si le Fuji revêt son habituelle couronne de nuages. C’est délicieux de s’asseoir dans un parc des environs, idéalement près d’un des lacs, et de contempler cette merveille de la nature pendant des heures, jusqu’au coucher de soleil.  Et ça, c’est seulement vu d’en bas…

Mount Fuji JapanHoochie-Fuji San

Mount Fuji Japan

Mount Fuji Japan

Mount Fuji JapanDepuis la cime, c’est encore plus impressionnant.  C’est un peu la récompense qui vous est offerte pour avoir réussi à l’escalader au complet.  Mon lexique est pour ainsi dire trop limité pour arriver à décrire ces paysages d’une beauté désarmante. Époustouflant, ou extraordinaire peut-être. Enfin, vous comprenez ce que je veux dire. Et quand il fait beau temps, je reste sans voix. Oh mon Dieu, les mots me manquent.

Ce qui est unique à propos de ce volcan, c’est que le paysage qui l’entoure est relativement plat, cela donne la possibilité de voir à des kilomètres à la ronde. Les champs, les collines, le golf océanique, les villes et les villages sont si miniatures qu’ils entreraient dans la paume de votre main. Vous les regardez à une altitude de 3,7 kilomètres.

//Le point le plus élevé du mont Fuji est à 3776 mètres au-dessus du niveau de la mer. Par contre, il y a une importante station météorologique qui fait obstacle aux miniatures des alentours. La station offre par contre un autre type de point de vue, celui vers l’intérieur du cratère, qui est lui aussi unique en son genre.

Mount Fuji Japan

Mount Fuji Japan

Mount Fuji Japan

Plusieurs sentiers mènent au sommet du mont Fuji. L’été, ils ne sont normalement pas enneigés. Par contre le reste de l’année, ils sont couverts de neige. Les sentiers les plus populaires sont ceux du nord, le chemin du Yoshida, et ceux du sud, le chemin du Fujinomiva. Tout le long de ces sentiers, on trouve des stations qui offrent des refuges ouverts pendant l’été. Vous pouvez y prendre une pause, acheter à manger ou à boire ou même y passer la nuit. Sur chaque piste, il y a plus ou moins 10 stations distribuées à distance égale le long des routes allant du pied au sommet de la montagne. En fait, quand on explore un peu plus, on constate qu’il y a plus de 10 stations. À un certain point, la numération devient, disons moins linéaire, on note un ‘7’, puis un 7½’, ‘8’, ‘8½’ et ainsi de suite. Peut-être que les stations ½ ont été ajoutées par la suite parce qu’on ne voulait pas changer le système de numérotation…

Vous pouvez aller en voiture jusqu’à la cinquième station. À partir de là, vous devez continuer à pied, vous êtes alors à 2300 mètres (nord) ou à 2400 mètres (sud) du niveau de la mer.

Au début, les numéros sont encourageants : la distance à pied jusqu’au sommet est d’environ 1,3 km, beaucoup mieux que les 3,7 km séparant la base de la cime. Mais c’est tout de même trois fois et demie la hauteur de l’Empire State Building. Oh my Scooby. Non ce n’est pas une montée facile. Vous devez vraiment être en forme pour endurer toute la randonnée.

Sur Internet, vous trouverez des comptes-rendus alléguant qu’il est possible de se rendre au sommet en seulement quatre heures. Ne croyez pas ces racontars.

Dans une saison ‘facile’, c’est-à-dire sans neige ni glace, vous rencontrerez beaucoup de files d’attente. Oui, oui des files d’attente. C’est compréhensible j’imagine : chaque jour, des milliers de personnes randonnent jusqu’à la crête du mont Fuji. Alors évidemment, vous allez rencontrer des embouteillages pendant la première étape (je ne l’ai pas vu personnellement, mais je sais de source sûre qu’elles existent). Et dans la saison ‘difficile’, il y a d’autres types d’obstacles : la neige et la glace. Alors, peu importe le moment où vous tenterez de conquérir le mont Fuji, vous pouvez vous attendre à ce que ça prenne au moins six heures.

Les mois les plus commodes sont juillet et aout : toutes les stations sont ouvertes, aucun des chemins vers le sommet n’est enneigé et les secouristes sont présents au cas où il vous arriverait quelque chose. Pour les dix autres mois de l’année, la montagne est pratiquement déserte (à l’exception de quelques adeptes du tourisme extrême) et plusieurs des stations sont enneigées et inutilisables. La route peut aussi être fermée jusqu’à dix kilomètres avant d’arriver à la cinquième station.

Au cours de la première étape de notre ascension,  nous avons rencontré une barrière de bois qui affichait  » De 18 :30 à 7 :30, la route est fermée « . Super. Comment allions-nous continuer ? Vous pouvez imaginer notre surprise quand notre guide japonais a, sans hésiter un instant, poussé la barrière sur le côté afin que nous puissions continuer notre promenade. Nous avons repris la route avant de nous arrêter un peu plus loin pour remettre la barrière en place. Alors nous trois, un américain et deux Russes, avons pensé : ‘c’est la façon de faire japonaise’.

Mount Fuji Japan

Mount Fuji Japan

Environ 300 marcheurs ont fait l’ascension le même jour que nous, la plupart des Japonais. Plusieurs d’entre eux transportaient avec eux des skis ou des snowboards. Les valeureux. Pour être bien honnête, j’avais un peu peur de faire la descente en skis. Après un trek de 6 heures, les jambes en compote, redescendre en skis, sur un manteau neigeux irrégulier… Non merci. Je connais les limites de mon endurance. Si nous avions été déposés au sommet en hélicoptère, ça aurait été une autre histoire. Mais ce n’était pas le cas.

Nous avons eu l’occasion d’effectuer quelques mini glissades, mais ça nous a prouvé que la situation était à faire frémir, la pente était abrupte et il n’y avait pratiquement aucun endroit pour freiner, à part les pierres un peu plus bas. Nous devions utiliser nos piolets comme freins.

Mount Fuji Japan

Mount Fuji JapanUn refuge, abrité par la neige

Mount Fuji JapanLe mont Fuji, où les nuages sont au-dessous de vous

Mount Fuji Japan

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Mount Fuji Japan

Mount Fuji Japan

Mount Fuji Japan

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Toutes les photos sont ici.

Au fait, j’ai remarqué que, le lendemain du premier moment où j’ai mis la main sur un piolet, j’avais le visage brûlé (spécialement le nez) et les lèvres enflées. Ça doit être une allergie – au piolet  – ou quelque chose du genre. Mes compagnons ont souffert des mêmes symptômes.

C’est tout pour aujourd’hui les amis. À la prochaine…

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