janvier 18, 2016
LA CONQUÊTE DU KILIMANDJARO
Continuons avec quelques détails à propos de notre expédition au sommet du Kilimandjaro : photos, commentaires, impressions et corrections de quelques croyances communes, mais erronées…
Prêts, feu, go, partez !…
Jour 1 : Lemosho Gate – Mti Mkubwa.
• Altitude : 2400 m > 2800 m
• Distance : 4 km
• Vitesse moyenne : 2 km/h
Et c’est parti ! Ah, c’est vraiment super d’être en Afrique aux alentours de Noël. Moscou est sous 30 cm de neige, l’Europe de l’Ouest subit un temps humide, froid et triste… Quel endroit propose une meilleure alternative ? 🙂
Nous avons vécu une journée équatoriale bien comme il faut pour nous mettre au diapason de l’Afrique…
La première étape du programme était un trek à travers une forêt équatoriale inhabituelle. Je l’appelle inhabituelle à cause de la grande quantité de mousse tropicale qui pendait des arbres. Cette même forêt peut être très humide, avec des chutes de pluie fréquentes : les vêtements étanches sont donc obligatoires, tout comme les sacs à dos waterproof pour porter les tentes et les sacs de couchage !
Nous sommes arrivés à notre premier campement en fin d’après-midi. 2 800 m d’altitude. Mouillés, sales… et nous avons dû piquer nos tentes dans la boue. Huuum. Le côté positif, c’est qu’il y avait des singes partout autour de nous, dans les arbres. Ils descendent parfois pour chercher de la nourriture dans le campement, et se lier d’amitié avec leurs nouveaux locataires.
Jour 2 : Mti-Mkubwa – Shira 1 (déjeuner) – Shira 2 (campement de nuit).
• Altitude : 2 800 m > 3500m à Shira 1 (+ 700 m) > 3 900 m à Shira 2 (+ 400 m) = 1 100m
• Distance : 7 jusqu’à Shira 1 + 6,5 km jusqu’à Shira 2 = 13,5 km
• Vitesse moyenne : 1,4km/h
Le deuxième jour, le rythme a été décidément lent. Nous avons fait de nombreuses pauses (vraiment nécessaires !) pour reprendre notre souffle. Et ce n’est pas par paresse, mais parce que nous nous étions élevés au-dessus de la forêt tropicale et que nous étions entrés dans des toundras/pampas où il y avait moins d’oxygène. Il aurait été irresponsable d’y aller à fond : nous ne voulions pas souffrir du mal des montagnes ! Mais nous avons continué à marcher, lentement, dans la seule direction possible : vers le haut !
Campement Shira 1 :
Moins de boue et plus d’herbe sous nos pieds qu’au dernier campement :
Une quantité acceptable de toilettes extérieures qui parsèment le paysage de toundra du Kilimandjaro :
Nous avons continué notre aventure… et nous sommes tombés sur une route ! Nous ne nous attendions pas à cela ! (En fait, c’était la dernière route que nous verrions avant notre retour à la civilisation à la fin de l’expédition).
Jour 3 : Shira 2 – Tour de lave – Barranco.
• Altitude : 3 900 m > 4 650 m (+ 750 m) > 3 950 m (- 700 m) = une journée passée presque sans gain d’altitude
• Distance : 9km
• Vitesse moyenne : un peu plus vite que 1 km/h
Ça, c’est un paysage agréable à voir au réveil ! Le Kilimandjaro s’élevant dans un ciel bleu clair :
Mais cette scène idyllique n’a pas duré longtemps. Tout d’un coup, un vent très fort s’est mis à souffler et une pluie glaciale s’est mise à tomber de nuages apparus comme par magie. Mouais… C’était terrible. Cela n’a pas amélioré le fait que l’oxygène était rare par ici, à plus de 4 000 mètres d’altitude.
À la tour de lave, l’ambiance était encore pire : un brouillard dense, encore plus de froid, l’air raréfié… Nous avons tous commencé à déprimer… Mais attendez ! OH NON ! On dirait la deuxième étape du mal des montagnes ! Du coup, nous nous sommes tous forcés à nous concentrer sur le positif et à nous rappeler l’aventure et l’exploit qui nous attendait ! Cela nous a un peu aidés à retrouver le moral, mais il était clair que nous allions devoir descendre un peu de cette zone de mauvais augure où le temps était si horrible, pour que notre acclimatation soit plus stable et plus sûre. Et nous n’allions pas dire le contraire !
Dans la vallée de la tour de lave, en redescendant vers le campement, nous avons rencontré une inattendue flore endémique. Notre guide pensait que ces arbres inhabituels, quoique tout à fait charmants, étaient des séneçons, bien que Wikipedia n’ait pas l’air d’accord avec elle :).
Mais peu importe leur nom ! Ce que vous devez savoir, c’est que ces arbres/plantes sont super !
À l’horizon, notre prochain campement : Barranco.
Après cela, nous devions grimper sur cette montagne verticale que vous voyez sur la photo en dessous. Oh seigneur ! Quand on nous a annoncé la nouvelle, le groupe est devenu étrangement silencieux, nos visages ont pâli et nous avons senti comme un nœud dans l’estomac…
Jour 4 : Barranco – Karanga. L’escalade du mur de lave.
C’était probablement la journée la plus intéressante de notre expédition (en dehors de l’arrivée au pic en lui-même, bien sûr), et je pense qu’il mérite son propre article, qui ne tardera pas à être publié. Pour le moment, voici les chiffres de la journée :
• Altitude : 3 950 m > 4 250 m (le haut du mur) (+ 300 m) > 3 950 m en bas dans la vallée (- 300 m) > 4050 au campement. Beaucoup de montées et de descente pour 100 m d’altitude gagnés
• Distance : seulement 4 km en 5 heures Et ç’a n’a pas été les kilomètres ou les heures les plus faciles. Plus d’infos là-dessus dans l’article sur Barranco…
• Vitesse moyenne : 0,8km/h
Et nous y voilà : au camp Karanga !
La journée suivante a été assez simple. Nous n’avions que 3 km à faire sur un terrain plutôt facile. C’était principalement du plat, même si le sol sous nos pieds était inégal. Nous avons fait beaucoup de pauses pour nous reposer ou pris beaucoup de photos… tant et si bien qu’au bout du compte, nous n’avons même pas atteint une vitesse de 1 km/h. N’oubliez pas : quand on va au Kilimandjaro, il vaut mieux y aller doucement.
Jour 5 : Karanga – Barafu.
• Altitude : 4 060 m > 4 700 m = 600 m
• Distance : 3 km seulement, mais 3 km magnifiques !
La flore disparaît et laisse place à un paysage de scories de pierre et volcaniques. Les drôles de touffes d’herbe résistantes sont tout ce qu’il reste en termes de végétation. Cela veut dire que nous y sommes enfin, dans les vraies montagnes – les montagnes vraiment élevées. Il n’y a plus rien d’autre que des pierres, de la neige, de la glace et des touristes, tout cela dans un froid amer et mordant.
Nous voici dans le camp de base. Maintenant, il ne reste plus qu’à aller gravir le sommet !
N’oublions pas : ne pas paniquer, et respirer profondément
Jour Nuit 6 : l’ascension au sommet.
Ça a été une grande première pour moi : une ascension de nuit au sommet d’une haute montagne ! Et cette altitude est aussi un record personnel.
À la fin de la journée, nous nous sommes changés et équipés pour la dernière montée, puis nous nous sommes un peu reposés dans nos tentes plusieurs heures après le dîner, que nous avons pris à 17 h 30. À 23 heures, nous étions levés et en route pour notre trek nocturne vers le pic du Kilimandjaro. Et brrrr, il faisait un froid de canard !
Au début, le rythme était supportable, nous allions vers l’avant et il n’y avait que l’obscurité qui était un peu inhabituelle. Mais une fois la limite de 5 000 m dépassée, les choses sont devenues plus difficiles. Le froid, la fatigue, le manque d’oxygène… C’était la dernière partie, mais la pire de tout : une ascension de 900 m au milieu desquels un ouragan froid a commencé à souffler. C’est à ce moment-là que j’ai compris pourquoi nous étions tous emmitouflés dans des moufles, des couvre-tête et des manteaux chauds. Qui eut cru cela en Afrique ?
À 8 h 40, nous sommes arrivés au cratère, appelé point Stella. (Moi, à ce moment-là, j’aurais bien bu une Stella, c’est certain !). Google Maps ne montre pas grand-chose. Il ne montre pas la fatigue des jambes qui viennent de monter à cet endroit, ne transmet pas les difficultés à respirer ici, et n’exprime pas les maux de tête qui sont signe de l’imminence du mal des montagnes (c’est comme si l’on plaçait quelque chose de lourd sur votre tête). Enfin ! Nous voici en train de nous » détendre » :
Et comme si nous n’étions pas assez épuisés, nous avons décidé de faire les choses à fond et de nous rendre au point le plus élevé de la caldeira ! QUOI ? Plus de torture ? Bien entendu ! Nous sommes allés si loin, si près du but, et nous n’allions pas aller jusqu’au bout ? Nous avons continué à avancer…
Deux heures plus tard…
Nous avons réussi !
Nous voici tout en haut, avec nos guides locaux au complet : tous là au-rendez-vous, oui M’sieur !
Et voici notre groupe :
Et c’est ainsi que nous avons gravi le Kilimandjaro ! Ooooh, et regardez ! C’est la Saint-Sylvestre ! Y a-t-il une meilleure façon de finir une année et d’en débuter une autre que de se trouver à près de 6 000 mètres d’altitude sur un volcan africain ?
La suite du programme : la descente…
Nous avons marché…
et pris des photos !
Et nous avons vu venir la nouvelle année dans un état d’esprit triomphant et d’humeur à célébrer ! Hourra !
Et sans blessure ! Heureusement, d’ailleurs : jetez un œil aux civières du Kili !
Épilogue
Les statistiques du Kilimandjaro indiquent que seuls 45 % de ceux qui démarrent l’ascension parviennent au sommet du volcan. Il est intéressant de voir que plus l’itinéraire choisi est long, plus il est probable de réussir. Avec l’itinéraire rapide en cinq jours, par exemple, la probabilité d’arriver au sommet est de 27 %, avec notre chemin en sept jours, elle est de 64 %, et en huit jours, elle est de 85 % (l’itinéraire de huit jours est le même que le nôtre avec un arrêt d’une nuit à Shira 1).
Lors de notre départ de Lemosho, notre groupe était composé de huit touristes + 1 guide (de Moscou) + quatre guides locaux + 30 porteurs environ. Plus tard, au camp de base, une dame a abandonné et n’a pas voulu continuer. (Je vous ai dit que c’était dur !). Plus tard, une autre femme du groupe n’a pas pu monter au point Stella (au bord du cratère). Elle ne pouvait vraiment pas, le mal des montagnes a eu le dessus. Les guides l’ont portée pendant le dernier tronçon ; elle pourra au moins dire qu’elle y a été. Ensuite, elle est redescendue rapidement. Elle a emmené son ami et son drapeau KL également ! 🙁
Du coup, cinq personnes de notre groupe de huit sont arrivées tout en haut. Ça fait 62,5 %, c’est plus que la moyenne ! Hourra !
Le point le plus élevé du Kilimandjaro est la caldeira de l’ancien volcan. C’est là que l’on emmène les touristes en général. Mais dans le cratère, on voit le cône d’un nouveau volcan. Il est récent, quelques centaines d’années tout au plus (à mon avis), mais on ne le voit facilement depuis tous les points de vue. L’idéal, ce serait de passer la nuit dans le cratère pour pouvoir aller se balader sur la nouvelle montagne de manière appropriée le lendemain. Pour moi, être au sommet du Kilimandjaro serait être au sommet de ce nouveau volcan. Ce n’est pas si mal : ça me donne une excuse pour revenir et vivre l’expérience complète, réelle et authentique du Kilimandjaro.
Le reste des photos de notre expédition sur le Kilimandjaro est ici.
À bientôt les amis !