Dans la Iakoutie, on ne verse pas le lait, on le coupe !

Privyet à tous !

La Iakoutie (refuge du peuple Iakoutes) ou, plus officiellement Sakha (refuge du peuple Sakha) est très fier de ses dimensions hors normes, elle aime se comparer aux pays européens, en particulier à la France : sur Wikipédia (en Russe, tout du moins) il est dit que que la Iakoutie est « cinq fois plus grande que la France ». (Pourquoi la France ? Pourquoi pas l’Espagne, la Turquie ou encore l’Ukraine ?). Il y a tout un tas d’autres comparaisons qui circulent sur Internet, comme celle qui évalue la superficie de la Iakoutie à celle de la mer Méditerranée et de la mer Noire réunies.

Mais peu importe, quiconque regarde -ou mesure- cette étendue n’a aucun mal à dire qu’il s’agit ici d’un territoire titanesque. En effet, il s’avère que c’est la plus grande nation territoriale au monde en termes d’étendue de territoire – elle s’étend sur trois fuseaux horaires !

Mais je pense rendre justice à cet endroit en le comparant à d’autres pays plus massifs, qui ne sont toutefois pas beaucoup plus grands que ce dernier. Allons-y donc…

Avec un territoire avoisinant les trois millions de kilomètres carrés (mais une population de seulement moins d’un million d’habitants; ce qui équivaut à une personne tous les trois kilomètres carrés), avec quel autre territoire aussi gigantesque pourrait-on la comparer ?

Premièrement – l’Australie. La Iakoutie est seulement deux fois et demi plus petite que le monde d’Oz, tout en ayant une population vingt fois moins importante. Mais cela a du sens, les australiens n’ont pas à souffrir de l’hiver Iakoute. De plus, l’Australie n’est rien d’autre qu’un désert… ce qui explique certainement pourquoi la population n’y est que vingt fois supérieure (elle vit le long du littoral).

Prochaine étape : le Canada. La Iakoutie est seulement trois fois plus petite que ce pays, les îles comprises. Cependant, la majorité du Canada se concentre au sud – et c’est pourquoi on y trouve 35 fois plus d’habitants.

Le prochain : La Chine. Ce pays est également trois fois plus grand que la Iakoutie, alors que sa population … bon, mieux vaut ne pas entrer dans les détails. La Chine n’est pas le meilleur exemple à prendre…

Pour ce qui est du revenu par habitant – la Iakutie se situe entre la Thaïlande, Cuba et le Pérou (individuellement), mais il est quatre fois moins élevé que celui d’Australie et du Canada, et un peu plus que celui de la Chine.

La Iakoutie peut non seulement se vanter d’avoir un territoire gigantesque : ils assurent aussi en matière de diamants, et sont excellents sur le plan du pergélisol, sans oublier la rigueur de leur froid hivernal – particulièrement à Oïmiakon. Sans oublier l‘autoroute Kolyma (celle que Ewan Mc Gregor et Charley Boorman ont emprunté durant leur tour du monde en 2004), le fleuve Léna, et enfin, les colonnes de Léna– c’est par là que nous avons commencé. Voici les photos :

Le fleuve bleu

puis marron !

Comme beaucoup de touristes qui viennent ici, je me suis demandé d’où venait le nom Léna (autant pour le fleuve que pour les colonnes). L’explication du diminutif du prénom féminin russe Eléna est fausse. Il s’avère que cela provient d’un mot très ancien en Évène – « Elyu-En »- qui signifie « grand fleuve ». Un nom parfait car il s’agit réellement d’un GRAND fleuve.

Il est tout à fait possible d’escalader les colonnes, c’est d’ailleurs ce que nous avons fait. Ce n’est pas si élevé – environ 200 mètres d’altitude (et ils s’étendent sur trois kilomètres aux alentours) :

Félicitations ! Vous avez atteint le sommet !

Nous nous sommes rapidement rendus compte qu’il y avait des formations rocheuses similaires au Léna (mais pas aussi élevées) le long de quelques- unes des petites rivières qui alimentent le Léna (nous avons vu les rivières Siniaia et Buotama) :

La rivière Hairpin

Notre moyen de transport (camouflé) jusqu’aux colonnes

Étonnamment, le temps là-bas a été chaud, pas une seule goutte d’eau n’est tombée, et il y avait beaucoup de moustiques et de mouches. Ce n’est absolument pas ce à quoi je m’attendais de la part de la Russie sauvage. L’autre surprise était le peu de poissons qu’il y avait dans les rivières. Un grand changement en comparaison avec les fleuves d’Alaska qui ne sont pourtant pas si éloignés…

Dans l’ensemble – c’est vraiment un très beau coin du globe qui offre des spectacles éblouissants. Il y en a surtout un qui vaut le détour, mais, pour y accéder vous avez besoin d’un hélicoptère, étant donné que de nombreuses colonnes et falaises se situent dans les petites rivières que vous ne verrez pas sur un bateau. Bien sûr, l’hélicoptère n’est pas connus pour être le moyen de transport le plus abordable…

La prochaine étape de notre itinéraire fut la visite du Royaume du Permafrost. C’était vraiment une expérience unique – je n’avais rien vu de comparable. L’entrée pour y accéder ne paye pas de mine, mais une fois que vous y êtes, c’est vraiment autre chose. En gros, il s’agit d’une espèce de musée constitué d’un réseau de tunnels construits dans le pergélisol, et les lumières à l’intérieur… eh bien, je vous laisse juger par vous-mêmes…

« Sortie »

A l’entrée, vous mettez un manteau thermique spécial en argent et des bottes chaudes; néanmoins, il ne fait pas si froid à l’intérieur, il doit y faire -7 degrés toute l’année (certains viennent s’y réchauffer en hiver).

On trouve tout un tas d’expositions dans les tunnels – d’étranges sculptures, des armoires de glace, un gros morceau de lait glacé, et aussi un mammouth empaillé qui a été trouvé dans la glace (pas le plus grand, mais un plus grand n’y aurait pas tenu, et au moins, celui là est presque intact).

Le morceau de lait congelé le plus gros au monde (c’est certifié !).

La main de glace sur la photo ci-dessous représente la suprématie issue des membres d’une famille Iakoute traditionnelle. Le premier doigt – est celui de l’homme/ du père/ du mari. Le suivant – le renne ! Ensuite : la femme/ l’épouse/ la mère, (le troisième au centre). Le suivant : la fille (puisqu’une future dot dépend d’elle). Et enfin le pauvre fils.

A la fin, près de la sortie -un peu comme dans une distillerie- l’alcool local est servi, ou plutôt- a été servi par mes soins (dans des verres en glace, bien sûr), accompagné de morceaux de poissons glacés (naturellement). Une fin parfaite !

Les visites sont très agréables et très bien organisées par Planet Iakutia. Oui, je pense qu’il s’agit d’une outrageuse publicité !

Permettez-moi de vous servir mes amis 🙂

Quelques mots sur Iakoutsk, la capitale de la Iakoutie.

Comme dans le reste de la Iakoutie, le climat ici est assez extrême, avec des hivers pouvant être très froids et des étés très chauds. Cela peut descendre jusqu’à – 60ºc en janvier et monter à plus de 40 degrés en juillet. C’est pourquoi, tout ici est isolé industriellement, tous les immeubles sont équipés d’air conditionné pour l’été. Ces systèmes sont d’ailleurs assez chers -un peu comme tout le reste. Ici tout est beaucoup plus cher que n’importe où ailleurs en Russie… Mis à part l’or et les diamants bien sûr.

Iakoutsk, comme le reste de la Iakoutie (et près de 65% de la Russie) – est assis sur des réserves de pergélisol. Les fondations standard des bâtiments ne font pas le poids ici. En quelques années, les constructions seraient complètement déformées, à tel point qu’elles seraient inutiles et dangereuses.  Par conséquent, l’ensemble des immeubles (chacun d’entre eux) est posé sur des piliers – des sortes de pilotis.

Si les foyers ont de l’argent, les pilotis seront recouverts pour en faire quelque chose de joli et sympa. Pour ce qui ont peu de moyens, il y aura beaucoup de vent -soufflant entre les fondations de la maison. Brrr

Dans le centre de la ville, presque toute l’eau ainsi que toutes les canalisations d’égouts sont cachées alors que dans les banlieues, ces dernières se trouvent dehors. C’est la raison pour laquelle les locaux appellent Iakoutsk : « la ville qui a les tripes à l’air ».

Uniquement des voitures japonaises avec le volant à droite

Camarade Lénine indiquant le chemin

Iakoutsk et ses environs sont donc absolument à visiter. Comme mentionné précédemment, il vaut mieux y aller en hélicoptère afin de la découvrir sous son meilleur jour, mais vous pouvez aller aux colonnes de Léna en bateau afin de vous approcher un peu plus et d’avoir assez de temps pour méditer en contemplant ses incroyables formations de roche. De plus, on y trouve le pergélisol et l’esprit rude du Nord en général. Sans oublier Oïmiakon (à 700km à vol d’oiseau, environ à 1000km par la route). Je devrais vraiment faire ce voyage… Et je dois voir cet endroit en plein cœur de l’hiver- histoire d’essayer un VRAI froid ! En bref, vous voyez le tableau – il y a plein de choses à faire ici.

Le reste des photos est disponible ici.

C’est tout pour aujourd’hui. Je dois continuer les préparations pour les festivités -aujourd’hui c’est l’ouverture officielle de notre nouveau bureau. Salut !